Ce lundi 17 janvier 2022 une délégation de la République du Mali a effectué une visite de travail et d’amitié en République de Guinée. La délégation est conduite par Monsieur Abdoulaye Diop, ministre des affaires étrangères et de la coopération internationale, et composée de trois autres ministres et d’acteurs du secteur privé malien.
La délégation a eu une première rencontre avec le Président de la transition de Guinée, le Colonel Mamadi Doumbouya, Chef de l’Etat, Chef suprême des armées.
Après avoir serré les mains des émissaires maliens, le Président du CNRD a fait observer une minute de silence en la mémoire de l’ancien Président Malien, Ibrahim Boubacar Keita, décédé récemment.
Le Colonel Mamadi Doumbouya a rappelé la position des Guinéens envers leurs voisins et frères du Mali: « Je témoigne qu’il y’a des liens très forts entre la Guinée et le Mali. Tout ce que nous pouvons faire pour votre pays nous le ferons. Et nous assumons notre amitié. Le territoire guinéen, c’est le territoire malien. Nous sommes liés par l’histoire, la culture et d’autres facteurs: Depuis 2012 nous avons des hommes dans le Nord-Mali. Le président Goita est un ami. Nous nous sommes connus avant le pouvoir. Notre amitié envers les Maliens est sincère. Nous serons avec vous. Les amis c’est dans les moments difficiles qu’on les connaît. Vous êtes les premiers et les seuls à être reçus dans cette salle du conseil des ministres. Sans démagogie tout ce que nous pouvons faire nous le ferons ».
Avant d’ouvrir les travaux de consultation entre les deux parties, malienne et guinéenne, le Président de la transition a insisté sur le sérieux que chacun doit accorder à ces travaux et a précisé que la délégation malienne peut, s’il elle le désire, rester plus longtemps en terre africaine de Guinée: « Que Dieu nous aide à sortir de cette transition pour le bonheur de nos peuples », a conclut le Colonel Mamadi Doumbouya. Il a demandé au Ministre Secrétaire Général de la Présidence de conduire le reste des travaux.
Pour sa part, le Colonel Amara Camara a recueilli les témoignages et propositions de la délégation malienne:
Ministre malien des affaires étrangères et de la coopération internationale: « au sujet des mots que vient de dire le Président de la transition de Guinée, je voulais exprimer toute notre reconnaissance pour la solidarité. Nous ne l’oublierons jamais. Ce n’est pas une surprise. Le geste montre que nos prédécesseurs peuvent être fiers de notre génération. Nous avons des destins et des défis communs. Cette délégation vient surtout pour une mission de remerciement. La Guinée et le Mali doivent travailler à construire un partenariat durable. La qualité des relations politiques est largement au dessus des autres types de relations (économiques et commerciales). Nous devons œuvrer à renforcer les liens entre nos deux peuples. Notre pays, le Mali, traverse des moments difficiles. Mais votre soutien représente beaucoup à nos yeux.
Je voulais, avant de passer la parole aux autres membres de la délégation, vous dire que nous avons amené quelques copies des assises nationales. La Guinée prépare le même type d’exercice, du coup nous vous laissons des copies.
Pour la rencontre de ce matin il est important de se pencher sur des questions comme les routes, les relations commerciales. Nous devons faire des efforts pour explorer des pistes de solution au sujet de la coopération entre les deux pays.
Le Ministre malien de l’administration du territoire a, pour sa part, insisté sur la métaphore biologique selon laquelle la Guinée et le Mali sont deux poumons dans même corps: « En août 2021 a eu lieu la dernière séance de matérialisation des frontières (la délimitation). Il y a des avancées. La méthode expérimentée c’est l’organisation de rencontres périodiques entre les gouverneurs, de part et d’autre de la frontière. Maintenant il y a lieu de renforcer les relations commerciales entre les deux parties.
Ministre transport et infrastructures : « Le communiqué du CNRD a sauvé le peuple malien. Avec les sanctions la situation est compliquée. Nos marchandises transitent par 7 ports du continent. Le Mali va renforcer le partenariat avec Conakry pour intensifier les échanges. Le trafic et le fret sont très importants. Et la Guinée est une sœur qui pourrait nous aider dans leur gestion. En 2018 il y a eu des missions en Guinée. Les ministres en charge des transports des deux pays devaient entériner les décisions. Ça ne s’est pas fait. Mais nous pouvons relancer ce cadre de dialogue.
Ministre économie et finances: « Notre pays est en difficulté. Les sanctions ont des impacts et coupent l’approvisionnement du pays. Le Mali est un pays d’importation. Votre appel de nous secourir tombe à pic. Nous allons juste affiner quelques détails. Bamako est proche de Conakry. C’est un avantage à capitaliser pour améliorer les échanges. Par exemple, le Mali veut accroître la capacité de stockage de son hydrocarbure à Kankan. Ensuite, Il y a des missions et commissions mixtes entre les deux pays. Il faut travailler sur plusieurs axes comme l’interconnexion des banques centrales des deux nations.
Ministre des mines de l’énergie et de l’eau: « On ne cessera jamais de vous dire merci. J’espère qu’on poursuivra les échanges. Il y a un cadre important : l’OMVS. Le Sénégal et la Mauritanie ont le gaz en commun. Le Mali et la Guinée peuvent faire pareil. Beaucoup d’échanges sont en cours. L’énergie en fait partie. Le barrage de Fomi va permettre de travailler considérablement sur la coopération électrique. D’autres points aussi pour l’irrigation agricole.
Secteur privé :
Président de la chambre de commerce et d’industrie du Mali: « La Guinée est plus attractive que les autres corridors. Le Mali importe beaucoup mais peu de produits passent par la Guinée. Sûrement à cause de l’état des routes. Dans l’urgence les marchandises maliennes disponibles peuvent être acheminées. Mais nous travaillons à ce que nos bateaux qui importent soient orientés vers le port de Conakry.
Le conseil malien des chargeurs: « quand on arrive en Guinée on sent qu’on est chez nous. Ma préoccupation c’est Comment faire vivre les corridors? Nos recommandations portent sur la franchise des surestaries, le retard de traitement aux douanes, des tracasseries au niveau du corridor. Ce sont des problèmes surmontables et on doit travailler dans ce sens ».
Le conseil malien des transporteurs : « nous allons intensifier nos activités sur le corridor guinéen. Le problème c’est la route. Mais des efforts sont en cours pour trouver des aires de stationnement et améliorer l’état de la route ».
Au terme de cet exercice de recueil des préoccupations de la délégation malienne, des commissions mixtes ont été formées pour permettre à chaque ministre malien de travailler avec son homologue guinéen et des techniciens pour avancer sur les différents points à l’ordre du jour.
Direction de la communication et de l’information